Bilan officiel de l’état de la ville à l’issue de la guerre : 132 bombardements, 4 500 immeubles partiellement détruits, 12 500 immeubles détruits, 35 000 sinistrés totaux, 65 000 sinistrés partiels. La relogement de ces derniers ne s’achèvera qu’en 1967. Une lettre du maire au préfet en date du 12 novembre 1945 demande l’achèvement du tunnel routier par les services de l’État car le coût en est insupportable pour la Ville. Il ne faudrait pas en effet avoir dépensé en vain les sommes faramineuses déjà investies dans ce grand chantier inachevé, à savoir 12 millions de francs par la Ville pour en faire un abri de la Défense passive auxquels il convient d’ajouter les 13 millions de fonds français dépensés pour les travaux de l’armée d’occupation. Par ailleurs, c’est là d’autant plus un ouvrage vital pour la liaison entre la ville basse et la ville haute que nombre de sinistrés demeurent et demeureront dans les « nouveaux quartiers d’Aplemont et de la Mare-au-Clerc » puisque la densité du centre reconstruit sera nettement moindre qu’avant la guerre : « Le tunnel jouerait donc à ce point de vue le rôle d’accès principal à des quartiers de compensation qu’il rapprocherait considérablement du centre urbain. » D’où la nécessité de se tourner vers l’État au titre du relogement des sinistrés en ville haute, sans compter que ce chantier permettrait d’employer de nombreux chômeurs.
Le maire demande au préfet l’achèvement du tunnel routier par les services de l’État. Après avoir exposé la nécessité de l’achèvement de l’ouvrage, il en démontre le caractère urgent : « La moitié de la longueur des galeries, soit 600 m environ, se trouve en terrain instable et donne de très grandes inquiétudes ». Les bois de charpente et de coffrage pourris par l’humidité ambiante provoquent des éboulements graves et menacent tout l’ouvrage avec deux conséquences :
1. des menaces sur le cimetière Sainte-Marie et les maisons en surface ;
2. l’impossibilité de reprendre les travaux du tunnel lorsque celui-ci sera tout ou partie effondré.
Les travaux d’entretien menés par la Ville ne suffisent plus et celle-ci est dans l’impossibilité de mener ce chantier colossal à terme faute de crédits, de main-d’œuvre et de matériaux eu égard à l’état de la ville.
Vœu du Conseil municipal adressé au gouvernement qui affirme l’urgence de procéder à des travaux suite à la visite effectuée sur place par le maire en compagnie de l’ingénieur en chef des Ponts & Chaussées de Rouen, et de l’ingénieur en chef de la Ville. Le texte du vœu lui-même donne cette raison impérative.
Déclaration d’utilité publique du projet de tunnel en date du 27 mars.
Lettre du maire adressée le 13 mai 1948 à André Lefèvre, propriétaire à Frileuse, lui demandant la permission de stocker les déblais provenant du creusement du tunnel dans le gigantesque trou formé par l’ancienne carrière d’argile à tuiles et à briques qui avait été transformée en vélodrome avant la guerre. Le tout, en ruines, est situé rue des Hêtres. Ce dépôt en permettra le comblement complet et la remise en valeur.
Cet emplacement est actuellement occupé par la cité HLM des Hêtres.
Adjudication des travaux d’achèvement du tunnel.
Projet d’achèvement du tunnel. Un plan figurant les axes routiers nationaux et départementaux, les voies d’accès au plateau et le tunnel routier projeté démontre son rôle d’axe majeur nord–sud entre la ville basse zone d’emploi et la ville haute zone d’habitat.
Profil en long suivant l’axe de la galerie ouest : longueur totale en souterrain (hors boyaux d’accès).
Aménagement des abords et entrées nord (place Jenner) et sud (Rond-Point).
Mise en service du tunnel par les Ponts & Chaussées le 15 juin. Le Secrétaire d’État au Logement et à la Reconstruction était en visite au Havre la veille, 14 juin.
Le 16 septembre, pose d’une plaque dédiée à la mémoire des 319 victimes du tunnel en septembre 1944.
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